mardi 17 juin 2025

[Alfred de MUSSET] [May den ENGELSEN, illustratrice] GAMIANI ou DEUX NUITS D'EXCES. Illustré de douze eaux-fortes par une femme [May den Engelsen]. Bruxelles, Au dépens d'un amateur, s.d. [Paris, Gaston Coquette, 1927] 1 volume in-4 broché. Tirage unique à 150 exemplaires. Celui-ci, un des 25 exemplaires sur chine. Rare et puissant curiosa.


[Alfred de MUSSET] [May den ENGELSEN, illustratrice]

GAMIANI ou DEUX NUITS D'EXCES. Illustré de douze eaux-fortes par une femme [May den Engelsen].

Bruxelles, Au dépens d'un amateur, s.d. [Paris, Gaston Coquette, 1927]

1 volume in-4 broché (25 x 19 cm) de (2)-88-(1) pages. Avec 12 eaux-fortes libres hors-texte. Couverture imprimée en papier rose (passé). Petit trou sur le premier plat et réparation au scotch, usures et décoloration à la couverture, brochage solide. Intérieur avec quelques pâles mouillures anciennes. Une étude du brochage indique que les feuillets ont été mouillés avant le brochage, c'est à dire que les feuillets ont été assemblés ainsi mouillés (sans doute un problème dans le stockage des feuillets juste après l'impression). Quoi qu'il en soit les mouillures ne sont pas graves et n'affectent pas la qualité du papier. Chaque estampe est protégée par un papier pelure teinté. Collationné complet. Exemplaire non rogné (grandes marges).

Tirage unique à 150 exemplaires.

Celui-ci, un des 25 exemplaires sur chine (texte et estampes).

Notre exemplaire porte le numéro 12 au composteur.

Il a été tiré en outre 2 exemplaires sur papier du japon impérial, 28 exemplaires sur papier de Montval et 95 exemplaires sur papier de Vidalon.








La gravure a certainement été réalisée à bord de la péniche La Marie-Jeanne (plouf... ??), avec la complicité du compagnon de l’artiste, Frans de Geetere (1895-1968). Si quelques éléments biographiques de Frans sont faciles d’accès, les dates de naissance et de décès de May demeurent inconnues. L’impression typographique sort des presses de Gaston Coquette, imprimeur rue de la Glacière qui sévissait toujours dans les années cinquante pour le compte de Jean-Jacques Pauvert.

May den Engelsen, d'origine hollandaise, était la compagne de Frans de Geetere. C'est par Frans de Geetere que "fut établie cette édition, imprimée, pour le texte, chez un artisan de la rue de la Glacière, en 1927" (Pia, Les livres de l'Enfer)

Illustration érotique, morbide et puissante, à l'instar des estampes de Frans de Geetere.

Ce roman est l'ouvrage licencieux le plus lu et le plus réimprimé de tout le XIXe siècle avec plus de 40 éditions. L'attribution du roman à Alfred de Musset a longtemps été contestée. Elle semble désormais établie. Par tradition et depuis Auguste Poulet-Malassis, on attribue désormais cet ouvrage à Alfred de Musset, parfois aidé de George Sand, mais cette seconde attribution reste des plus douteuses. Dans l'attente d'un éventuel document venant conforter ou infirmer ces attributions, le secret de Gamiani demeure l'un des mieux gardés de la littérature érotique.

Le roman raconte deux nuits de la vie de la comtesse Gamiani marquées par ses ébats avec Fanny et Alcide. Pendant ces deux nuits, les trois personnages vont successivement raconter leur initiation sexuelle ainsi que leurs plus grands exploits dans ce domaine.

Pierre Louÿs dans le Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation écrit : « Ne suivez pas l'office sur un exemplaire de Gamiani, surtout s'il est illustré ».








"La première fois que je fus mise à l’épreuve, j’étais dans le délire du vin. Je me précipitai violemment sur la sellette, défiant toutes les nonnes. L’âne fut à l’instant dressé devant moi, à l’aide d’une courroie. Son braquemart terrible, échauffé par les mains des sœurs, battait lourdement sur mon flanc. Je le pris à deux mains, je le plaçai à l’orifice, et, après un chatouillement de quelques secondes, je cherchai à l’introduire. Mes mouvements aidant, ainsi que mes doigts et une pommade dilatante, je fus bientôt maîtresse de cinq pouces au moins. Je voulus pousser encore, mais je manquai de forces, je retombai. Il me semblait que ma peau se déchirait, que j’étais fendue, écartelée ! C’était une douleur sourde, étouffante, à laquelle se mêlait pourtant une irritation chaleureuse, titillante et sensuelle. La bête, remuant toujours, produisait un frottement si vigoureux que toute ma charpente vertébrale était ébranlée. Mes canaux spermatiques s’ouvrirent et débordèrent. Ma cyprine brûlante tressaillit un instant dans mes reins. Oh ! quelle jouissance ! Je la sentais courir en jets de flamme et tomber goutte à goutte au fond de ma matrice. Tout en moi ruisselait d’amour. Je poussai un long cri d’énervement et je fus soulagée… Dans mes élans lubriques, j’avais gagné deux pouces ; toutes les mesures étaient passées, mes compagnes étaient vaincues. Je touchais aux bourrelets sans lesquels on serait éventrée ! Épuisée, endolorie dans tous les membres, je croyais mes voluptés finies lorsque l’intraitable fléau se raidit de plus belle, me sonde, me travaille et me tient presque levée. Mes nerfs se gonflent, mes dents se serrent et grincent ; mes bras se tendent sur mes deux cuisses crispées. Tout à coup un jet violent s’échappe et m’inonde d’une pluie chaude et gluante, si forte, si abondante, qu’elle semble regorger dans mes veines et toucher jusqu’au cœur. Mes chairs lâchées, détendues par ce baume exubérant, ne me laissent plus sentir que des félicités poignantes qui me piquent les os, la moelle, la cervelle et les nerfs, dissolvent mes jointures et me mettent en fusion brûlante… Torture délicieuse !… intolérable volupté qui défait les liens de la vie et vous fait mourir avec ivresse !" (extrait)

Références : Pia, Les livres de l'Enfer, 574 ; Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1641 ; Perceau 16-39

Exemplaire du rare tirage sur chine à 25 exemplaires seulement (qui mérite une belle reliure).

Prix : 1500 euros